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Philippe CASTELLIN  98
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TypeStyler Object
 

Je fais partie des gens (premier Mac : 85) qui ont essayé de se servir artistement, dès son achat, de leur ordinateur ; en tête le programme des avant-gardes : fusion des codes et intégration/image/son, mouvement/texte, choses que le "tout numérique" et le "multimedia" rassemblent et expriment. Sans parler de l'interactivité, de l'image animée, de la gestion du temps ou du hasard, termes ou notions dont on sait qu'ils font eux aussi partie de l' héritage 1900, si singulier que, source, il continue à aimanter nos horizons.

Quant à l'idée (métaphore) du "réseau" / "toile d'araignée", m'occupant avec Jean Torregrosa d'une revue (DOC(K)S) qui a joué un rôle pionnier (1976) pour le développement mail art , ce sont des choses qui me sont familières, en elles-mêmes banales ou liées aux aspects plus généraux qui visent à dissoudre la paire art/Moi. Dès le milieu des années 60 ces idées étaient présentes ; elles ont été nettement formulées, aussi bien par des théoriciens (cf. ce qu'a écrit Illich au sujet des réseaux) que par des artistes ("Eternal Net Work"= R. Filliou) ou encore certains courants militants de l'underground alternatif US puis allemand de la fin de la même décennie.

Aussi, quand le Net électronique a commencé à se développer, ai je été immédiatement réceptif. A cette époque Akenaton a proposé des projets à quelques institutions (le CIPM de Marseille par exemple) afin de développer un site lié à la poésie contemporaine : ces projets n'ont pas vu le jour parce qu'ils arrivaient avant l'heure - un site qu'es aco???... Chacun sait que les poètes rêvent .

Pas naïf et pas futuriste, mais pas du tout réfractaire a priori aux sciences et aux techniques modernes et, une fois opéré le tri (complexe) entre ce qui n'est qu'un gadget et ce qui constitue une innovation réelle, toujours enclin à me demander ce que l'art pourrait bien faire avec ça. Circulent cependant désormais au sujet du web ou de l'électronique certains propos avec lequels je ne peux être d'accord d'aucune manière. Au mieux fonctionnent-ils au moyen de simplifications inacceptables, tout ceci aboutissant à la constitution d'un mythe (que je soupçonne fort d'être...) commercial. Que France Telecom (privatisation) ou Bouygues ou Bill Gates aient tout intérêt à vendre à tout un(e) chacun(e) un ordinateur + 1 connexion web, ok, mais ça n'est pas une raison pour que les artistes, les poètes ou simplement les intellectuels reprennent en choeur ces thèmes et termes qui ne relèvent que d'une campagne de pub: "trahison des clercs" comme aurait dit l'autre.

"Simplifications inacceptables": je voudrais énoncer deux distinctions, deux précisions, qui paraitront sans doute élémentaires mais, qui sait ?

D'abord, je parle du web tel qu'il est aujourd'hui, et ni du web initial, ni de celui du milieu du prochain siècle. Conséquence: je refuse par exemple de passer sous silence l'aspect le plus frappant du web actuel, sa stupéfiante, son insupportable lenteur, celle-là même que l'on tente de masquer (comprenez les publicistes, ce qui fait vendre, aujourd'hui, c'est la vitesse !!! ) avec la feuille de vigne des métaphores: autoroutes de l'information, tu parles....! ou alors oui, pour le 1° Août, sortie porte d'Orleans, 10h du mat! - Cocasse de voir la pub sur les machines cadencées à 300 voire 400 mhz quand on pense que le débit des serveurs aux heures de pointe est d'un tout petit 100/200K minutes, autant dire un goutte à goutte; comme si on vous vendait une Ferrari sans vous prévenir que de toute manière vous roulerez sur un sentier pour mules... Fort possible (certain!) que, dans dix-quinze ans, les choses puissent changer; mais 10-15 ans aux rythmes de l'informatique c'est du long terme et, pour l'heure, c'est abuser les gens que de ne pas leur expliquer que, par exemple , envoyer un email est effectivement très simple et très rapide mais que "naviguer" sur internet n'a rien à voir, que c'est "ramer" qu'il faudrait dire dès qu' il s'agit d'images, de sons, de videos etc. Sauf si - autre mensonge par omission - les objets concernés se voient réduits à leur plus simple expression: une video, oui, et regardable à une cadence d'images secondes pas trop éloignée des normes télé ou cinéma, c'est possible mais dans un format timbre poste, un son, oui, s'il s'agit d'un sample mono mis en boucle et à peu près 4/5 fois inférieur à un son CD, ce qui ramène l'auditeur quelque part au milieu des années 50. Quant à télécharger un quelconque objet "lourd" de 2 ou 3 mégas, en dehors des rares privilégiés (money!) qui se servent de lignes numeris, il faut vraiment n'avoir rien d'autre à faire avec sa vie et son ordinateur.

Détails? - du tout: Ceci implique que l'on ne peut parler sérieusement de "multimedia" sur internet: c'est de la mythologie. Il s'agit du contraire, du triomphe quasi-total du texte & du traitement de texte - images et sons n'étant là qu'au titre d'habillage (ou de gadget) et au point que le texte internet lui même (htm) est, comparé à la richesse plastique ou à la souplesse des objets graphétiques présents dans les autres univers (télé, presse imprimée, enseignes, poésie visuelle...) d'une incroyable pauvreté et d'une rigidité lamentables: 3 ou 4 caractères, des tailles et des styles très limités etc... Du coup les pages internet, hormis celles d'accueil un peu plus travaillées (et ce seront celles qui mettront une dizaine de minutes à s'ouvrir...) seront à peu près toutes aussi ternes et standardisées les unes que les autres.

Pour une cause. Que les précédentes remarques désignent : internet est techniquement "orienté" communication, entendre par là stockage / transfert d'informations ou messages informatifs tels qu' en bruissent les espaces de l'armée, du commerce, de la finance (ô données, ô banques, ô flux) des sciences et autres choses semblables. C'est ici que le réseau excelle: stock-exchange. Pour le stockage, non seulement parce qu' une masse de données plus importante qu'en tout autre lieu réel sera rassemblée et accessible plus ou moins facilement/gratuitement, mais également parce que les "moteurs" de la recherche permettent de définir des croisements, des intersections, des hybrides et bref de mettre à jour des connexions ou de les exprimer. S'il est vrai que l'invention se caractérise par la mise en relation de faits ou données cloisonnés, le principe du web est ici celui d'une organisation modulaire, infiniment souple, fonctionnant synaptiquement, rhizomatiquement, créativement. On me dira que ce "système" existait potentiellement (soit dans l'esprit humain, soit dans les bibliothèques par exemple). Ce qui est vrai : mais une chose est une existence potentielle une autre son expression concrète et pratique. Justement, ici, internet ça n'a rien de virtuel. Au contraire. Nos bibliothèques matérielles sont, comparées à lui, d'une invraisemblable lenteur d'accès, et, surtout, elles n'ont d'autres solutions que de classifier : elles sont rigides. Elles sont comme les magazins "retardataires", ceux qui précèdent les Grands où ces dames, au dire de Zola, trouveront leur bonheur et où surtout, étant entré pour acheter une plaquette de beurre l'on ressortira plein caddy, porté par les links et les chemins à surfer et dériver urbainement entre les rayonnages des grandes surfaces, elles qui savent comment tout l'art du commerce gît dans la réorganisation permanente des data-stock, dans leur déconnexion/reconnexion, dans leur récurrente décongelation et remise en circuit, nous sommes dans un monde qui bouge, l'on peut y fouiner, l'électronique, ce sont des puces, l'illusion de la trouvaille ou de l'affaire mirobolante.

Le même genre de choses peut se dire à propos de l'échange. Le réseau permet le dialogue-écrit-en-temps réel, réplique quasi instantanée si on le souhaite, avec, du même coup, un changement très considérable de l'écrit lui-même, qui, naguère trace figée, devient objet vivant, sans cesse modifiable/effaçable d'un clik de souris. Fin de l'ère où l'écriture et le marbre allaient ensemble nimbés par la même éternité, illusoire ou pas. Fin de cette idée que les écrits restent, thucydidiens documents, cloués aux formes différées de la communication . Ce qui reste (plus ou moins!) ce sont les écrits imprimés, mais voici une nouvelle catégorie d'écrits, celle de l'écrit affiché, de l'écrit-écran, de l'écrit qu'on ne relit pas, transformable, métamorphe et éphémère, de l'écrit/mouvement, de l'écrit/flux, par définition constitué d'une suite indéfinie et ouverte d'états fantômes, chose qui pour moi annonce (ne sont-elles pas déjà advenues ???) d'autres mutations elles-aussi très considérables, rapport au texte, à l'oeuvre, à l'achévement, à l'identité ou, pour changer d'exemples, à la loi, au commandement, aux tables: faites de ce même marbre. Notre écrire est d'eau ou de lumière. Il n'est pas grave mais fluide. Nous sommes devenus trans-formels.

A certains égards ces changements me terrifient, à d'autres ils me réjouissent: au bilan, de toutes les manières, pareil flux nous emporte - nous constitue! - Il n'existe aucun moyen, aucune position pour s' ériger en juges. Ou en tribuns. Ceux qui le font, qu'ils en appellent à la Religion, à la Pensée, à la Culture, à la Morale ou au Civisme ne nous arrachent que des sourires ou des baîllements. Seulement pouvons-nous - et là, oui, elle est tout à fait juste la métaphore - surfer sur la déferlante, et utiliser la puissance de la vague pour la remonter, un certain temps, suffisant pour esquisser quelques figures belles d'être destinées à périr l'instant qui suit. Dès lors que les oppositions massives et minérales fondent ou ramollissent, au choc frontal se substituent les tensions élastiques, celles qui sans arrêter le mouvement permettent de le boucler, voire de le reboucler sur soi, comme un anneau à la surface des eaux, comme une danse. La question n'est plus (en tout cas n'est pas) d'être pour ou contre, elle est de faire avec, puisque nous sommes dans, et de, et dedans, ce dedans d'où nait cette danse, à peine dissi.

Pitié! - Pas de sornettes! Le web ne constitue aucune alternative au monde, aucun anarcho-paradis, aucun progrès quant à l'état des relations humaines. C'est de là certes - et de tout ce qui le rattache à l'héritage mythique des avant-gardes- qu'il extrait sa puissance de séduction, son image. Terme qui connote. Image c'est marque et marque c'est commerce et marché, et le web c'est cela aussi, marché, supermarché. C'est vrai qu' on y trouve tout, comme certains le disent, avec des mots qui ressemblent furieusement à un slogan publicitaire pour géante surface. Vrai qu'on peut y passer des heures et des heures à rebondir de page en page comme une balle de flipper sur ses bumpers ou comme des africains la première fois qu'ils prennent le metro et comme ces gens qui en guise de promenade dominicale vont en famille pousser le caddy dans les allées d'un Hyper Casino, ne s'arrêtant que pour manger à la cafeteria de ce qui est un monde autosuffisant ou le parfait résumé du nôtre: ironie, au détour de l'une de ces allées, comment douter que nos adeptes de la dérive ne tombent, rayon informatique, sur un compatible pc branché avec démonstration d'internet et invitation à surfer, bouclage complet, mise en abyme, sans qu'il soit aussi aisé que l'on pourrait croire, de dire qui est l' original, qui est la copie. Bien sûr, dans le matériel supermarché, les choses et les gens sont "vraiment" là. Alors qu' à l'écran allumé ici, sur la table de démonstration à côté du vendeur ou de la vendeuse, ne sont que des images. Cette claire différence n'empêchant un malaise profond de naître tandis que l'image de la pizza à l'écran, au terme de quelques manipulations, se transforme - 10 minutes d'attente - en pizza soi-disant réelle dans mon assiette , laquelle à rebours, quand je me risquerai à la manger et malgré son apparence de pizza, s'avérera n'avoir nullement le goût de "la" pizza mais celui d'une sorte d'ham- cheese- burger macdonaldiquement raplati, mouillé de ketch up + quelques émulsifiants, agents de conservation ou sapidité, A310, B217.

La démonstration peut être poursuivie, il suffit dans le même supermarché de passer du rayon informatique à celui des fruits & légumes pour que brutalement vous envahisse le doute que ces tonnes de fruits éblouissants, multicolores et calibrés ne soient que de fringants hologrammes, des ersatz de pommes et oranges désormais absentes, sauf dans les parcs régionaux et les musées de la Nature Agricole que l'on est, dare dare, en train de bâtir. Cf. Salons de l'Agriculture. Goûtez, goûtez donc... L'âge de la consommation de masse n'a pas consisté en la simple augmentation quantitative des productions d'antan, il s'est accompagné de mille transformations qualitatives, tout désormais s' y articule selon le modèle plotinien de l'oignon, essence enveloppée de couches hierarchisées d'apparences, à la périphérie se situant les vrais objets de la consommation de masse, qui sont dès lors à un cheveu de n'être en rien ce qu'ils semblent pourtant être, si l'on ne fait que les regarder, si on ne demande pas à les expérimenter en les touchant-goûtant ; comme si cette opposition de l'original perdu et du double multiplié s'accompagnait d'un déchirement de la sphère des sens, tout au bénéfice de l'oeil. Société du spectacle? - Non, ça n'est pas de cela que je parle, mais de choses bien plus concrètes, de l' hypertrophie de l'organe-oeil dans l'univers marchand, celui des vitrines, des emballages sous vide, des transparences protectrices, celui de tous les moyens de mettre en évidence, à la portée de tous, du désir de tous, accès commun verrouillé d'un universel sésame: $! - Car l'argent et lui seul, petit homme, te donne le droit de toucher-goûter, la démocratie qui est la nôtre, formelle aurais-je dit dans un autre temps -virtuelle, dirais je maintenant- correspond parfaitement à l'étrange expression qui rend synonyme "ce qui ne se paie pas" de ce "qui est à l'oeil". Démocratie tu parles, démocratie mon oeil.

Ce pourquoi les ersatz d'aujourd'hui ne sont pas ceux de la dernière guerre ( chicoré pour café et ainsi de suite), mais de parfaites illusions , de splendides mirages, un régal optique. Ce sont des plus-que-citrons, des plus-que-courges ou que-navets que nos fruits et légumes. Même si, touchés-goûtés, ils ne sont plus rien, ou si peu. Il existe une connivence de base entre les puissances de la synthèse, celles de la virtualité et celles de l'image, parce que l'image est la marchandise mise en vitrine, offerte et interdite comme les prostituées des rues chaudes à Amsterdam. Il existe une alliance objective et complexe entre la "démocratie" entendue comme le droit (fictif!) à posséder les mêmes objets, la frénésie consumériste, la compulsion de l'achat, la multiplication des ersatz, et le développement du virtuel, du jetable, du conceptuel, de l'éphémère et du visuel en permanence remis à jour; rafraichir l'écran: updateStage comme disent les programmeurs.

Sachons le. Au lieu de rêver sur un internet synonyme d'an-archie et de liberté, premier-dernier Village, commençons donc par percevoir que ce réseau est d'ores et déjà un immense centre commercial, que cette acccumulation et cette multiplication des connexions sont très exactement comparables à celles qui se réalisent dans n'importe quelle Zone Géant Casino ou Carrefour. D'ores et déjà: on peut raisonnablement songer (mais je me suis permis de m'en tenir au présent, aussi je n'insiste pas) que cette évolution, entamée depuis les balbutiements des années 90, ira dans le même sens et s'accélérant et il me serait facile d'ironiser sur ces sites actuels, hérissés de bannières et d'annonces qui ressemblent à des stades ou à des caravanes sportives et placent internet dans la position d'un catalogue de vente par correspondance... La Fayette nous voilà, ils croyaient que c'était le nom d'un homme de liberté et c'était celui de Galeries fort peu underground.

Alors l'art, là dedans, l'art et la poésie, pour toutes ces raisons et pour d'autres que je vais évoquer bientôt, il vaut mieux y regarder à deux fois; ou, si l'on préfère aller concrétement visiter les sites artistiques pour vérifier qu'ils sont aussi pauvres que les autres, aussi "lents" et même plutôt plus (manque de moyens...) que les autres, aussi peu multimedia, aussi soumis à la tyrannie du texte et un peu plus difficilement trouvables car relégués ($) dans les catacombes des moteurs de recherche. Passe, tout cela, quand il s'agit de "poésie linéaire" (encore qu'il soit très fatiguant pour les yeux et très peu confortable de lire un poème un peu long devant un écran) mais qu'en advient-il pour le reste, poésie animée, sonore, travaux multimedias: que n'en peuvent être ici proposés que de purs "échantillons" à vocation "publicitaire" et que pour finir le "consommateur" intéressé se trouvera renvoyé à une adresse électronique ou postale à laquelle on lui demandera de "commander" le livre ou le CD-Rom correspondants ... Inutile d'ajouter que ces "limites" deviennent intolérables en ce qui concerne les travaux à dominante plastique. Sans même aller à envisager les cas de travaux in situ, type installation, land art etc, il est facile de comprendre que l'image web d'un tableau est un analogon ridiculement pauvre de l'original auquel elle ne peut renvoyer que symboliquement: n'importe quelle reproduction imprimée et même n'importe quelle image video est infiniment supérieure. Que sceptiques et naïfs tentent donc l'expérience d'aller visiter un musée d'art moderne ou contemporain sur le web... et que les "artistes" ou "poètes contemporains" comprennent que "mettre sur le web" des travaux qui n'ont pas été conçus pour lui constitue (il est permis d'en douter...) une alternative à la promotion publicitaire de leurs oeuvres ou de leurs parcours, mais en même temps une trahison des conditions de rencontre et monstration que ces oeuvres exigent lorsqu' elles ont été conçues et réalisées pour d'autres espaces et supports.

C'est pourquoi je crois qu'il faut opposer nettement communication (transfert d'information) et création artistique. Les exigences qualitatives de la communication sont avant tout celles de la non ambiguité et de la vitesse de transmission entre émetteur et récepteur. Elles sont ainsi antagoniques à celles de l'art où complexité et multidimensionnalité, de quelque manière qu'on les entende, ont nécessairement priorité. Des oeuvres d'art peuvent seulement prétendre être d'effet simple et rapide. Ceci reste un effet. Et je ne suis pas en train de faire l'éloge de la sensualité des matières picturales - ou autres- classiques, versus la froideur de l'image électronique en général. Je parle de l'image web. Je dis qu' elle, conçue dans l'intention d'une communication économe (time=$), est nécessairement pauvre. Pauvre, même si on la compare à une image électronique telle qu'on peut en trouver sur un CD, limitée dans ses dimensions, restreinte dans sa définition, dans sa gamme de couleurs, symbole d'image plus qu'image et, en ce sens très concret, image "virtuelle" : pure virtualité d'image. Qui a effectué ou effectue la transformation d'une image électronique quadri quelconque en une image web le vérifie. Définie pour affichage plein écran en 72 points, et dotée d'une palette en millions de couleurs la première image pèse à peu près 1 mégaoctets, (ce qui est déjà 20 fois moins qu'une image conçue pour l'impression... ) et donc 15 fois plus que sa petite soeur web, laquelle, compressée et réduite en taille, affiche approximativement 60k... Le plus étrange étant que les mêmes publicistes qui nous vantent le web et le multimedia (comme s'il s'agissait d'une seule et même chose) savent pertinemment nous faire rêver sur la perfection technique des images numériques à très haute définition, sur les films DVD par exemple. Et, connaissant l'avénement de ces formats nouveaux programmés à grande échelle pour un futur très proche, comment ne pas songer que l'image animée web paraitra du même coup encore plus ridicule et rudimentaire...

Je ne dis pas que l'on ne puisse envisager créativement internet. Mais il faut être conscient de tout ce qui précède. En déduire des chemins et des modalités créatives spécifiques susceptibles d'exploiter (positivement ou de manière critique) les caractéristiques du web, ses limites comme ses atouts propres. Et surtout en finir avec le discours publicitaire au service d'intérêts qui concernent peu la création et l'art.

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