MAL_DE_TERRE  / AKENATON

 

 

voir sur YouTube le film d'Isabelle Balducchi "Le Long des Golfes Clairs"

 

 

 

 

Dans la suite de beaucoup dĠautres travaux dĠAKENATON, MAL_DE_TERRE, dont la rŽalisation sĠŽtale entre 1999 et 2007, peut tre envisagŽ ˆ la fois comme performance, objet  multimedia ou installation plastique, correspondant ainsi ˆ lĠexpression Ç installĠaction È que nous avons proposée jadis et souvent utilisŽe pour caractŽriser notre dŽmarche.

 

A)- Il sĠagit, au dŽpart, dĠune action  (filmer depuis la mer le littoral corse en continu, dĠaussi prs que possible au cours dĠune seule pŽriode de temps qui nous ramnera exactement au point dĠorigine, Ajaccio) qui relve par lˆ du champ de la performance, aspect prŽsent dans le Ç film du film È, rŽalisŽ au cours du voyage par lĠune des 7 personnes embarquŽes, rŽalisatrice ˆ FR3.

 

B)- De cette action rŽsulte, en un premier temps, un film video DV dĠune centaine dĠheures, montŽ, dŽcoupŽ chapitrŽ et gravŽ sous forme de 73 DVD interactifs, avec diverses solutions de prŽsentation cohŽrentes avec le projet.

 

Chaque DVD correspond environ ˆ 1 heure de film. Les DVD sont bouclŽs informatiquement et une fois lancŽs tous ensemble , la lecture se poursuit un temps indŽfini. Le chapitrage, Žtabli sur la base des cartes marines et des Ç points remarquables È (caps, sŽmaphores, lieux dits, anses etcÉ) se traduit ˆ la fois par lĠapparition sporadique ˆ lĠŽcran des noms de ces diffŽrents objets ou lieux, et par la possibilitŽ dĠune consultation interactive (en utilisant une tŽlŽcommande on peut parfaitement choisir le chapitre et donc le lieu que lĠon souhaite dŽcouvrir ou auquel on souhaiterait revenir).

 

C)- Comme installation, MAL_DE_TERRE est un cercle de moniteurs et lecteurs DVD, Žcrans dirigŽs vers le centre, sŽparŽs les uns des autres par une distance dĠ1 mtre environ, telle en tout cas :

 

a)   que le public puisse sans difficultŽ Ç pŽnŽtrer È ou sortir du cercle par ces intervalles

b)   que le sentiment dĠune forme close sur elle-mme soit perceptible et que lĠÏil puisse apprŽhender les divers Žcrans comme faisant partie dĠune seule et mme Ç image È sur laquelle le film se poursuit. Cette sensation de continuitŽ, bien sžr liŽe ˆ lĠunitŽ de lĠobjet filmŽ, rŽsulte Žgalement de la structure de lĠimage-Žcran qui se partage en permanence en 3 parties : le ciel, la terre, la mer, lĠespace occupŽ par chacun de ces ŽlŽments variant en permanence sur chaque DVD et moniteur ; globalement lĠensemble construit non pas un ruban mais une onde instable.

 

Les moniteurs sont placŽs sur des socles aussi discrets que possible le centre de lĠŽcran se situant ˆ peu prs ˆ 1m50 du sol.

 

D)- Dans une prŽsentation idŽale il y a donc en mme temps 73 moniteurs dans un mme espace. Il est nŽcessaire que ce lieu prŽsente des caractŽristiques de luminositŽ (pŽnombre) et dĠacoustique (lieu fermŽ). La bande son des DVD est essentiellement constituŽe par lĠenregistrement des bruits des moteurs, (trs variŽs ˆ cause des changements de rŽgime etc.) et de quelques Žchanges verbaux entre les membres de lĠŽquipage, le son qui rŽsulte de cette superposition et addition formant une sorte de basse continue qui contribue au Ç bouclage È et ˆ la prŽsence de lĠÏuvre. Sans tre assourdissant, ce bruit continu doit tre nettement prŽsent (entre tiers et mi volume). LĠinstallation est pensŽe ˆ la fois comme visuelle et sonore.

 

E)- DĠautres dispositifs de prŽsentation, plus modestes (ou plus rŽalistes !!!) sont concevables.

1.   On peut envisager de prŽsenter ˆ une mme date plusieurs Ç boucles È de moniteurs dans des lieux diffŽrents, les DVD Žtant sŽlectionnŽs en fonction de chaque lieu. En ce cas le module choisi est de 12 DVD, correspondant aux douze heures de tournage en continu. (nous ne filmions pas la nuitÉ). Selon ce protocole, on aurait ainsi ˆ une mme date une installation au Sud de la Corse, une autre au Nord, une autre ˆ lĠEst et une dernire ˆ LĠOuest. La boucle dĠensemble, sans tre nulle part prŽsente serait suggŽrŽe par lĠexposition simultanŽe dans les lieux sŽlectionnŽs.

 

 

2.   On peut Žgalement prŽsenter la boucle globale, en un seul lieu et moment, mais avec un nombre restreint de moniteurs et DVD. Le nombre minimum en ce cas serait de 8 (un cercle de 5m de diamtre environ). Le chiffre 8 correspond au dŽcoupage basique dĠune boussole ou dĠune rose des vents. Ce nombre peut tre augmentŽ en divisant par deux chacun des quadrants. 16 moniteurs (le diamtre du cercle Žtant alors agrandi proportionnellement) nous para”t en ce cas tre un nombre adŽquat pour signifier correctement lĠampleur du projet. Dans ce dispositif (orientŽ) les DVD prŽsentŽs seraient agencŽs en fonction des points cardinaux, chacun correspondant ˆ la zone gŽographique concernŽe : DVD liŽ au Sud de lĠIle placŽ au Sud du dispositif etcÉ Il serait Žvidemment nŽcessaire de choisir entre plusieurs DVD concernant la mme zoneÉ

 

3.   On peut enfin prŽsenter la totalitŽ des DVD dans le cadre dĠune seule installation avec un nombre rŽduit de moniteurs les DVD Žtant changŽs selon un programme prŽcis transmis au public. Au terme dĠun certain nombre de jours (ou dĠunitŽs temporelles quelconque) la totalitŽ des DVD est ainsi prŽsentŽe. Si, par exemple, le programme change chaque jour et sĠil y a 12 moniteurs, la totalitŽ des DVD aura ŽtŽ prŽsentŽe au terme de 8 jours. Ce type de prŽsentation implique de respecter lĠordre gŽographique des DVD : du premier au douzime le premier jour etcÉ

 

 

 

Outre les DVD et les moniteurs dĠautres ŽlŽments ayant valeur de Ç traces È peuvent tre adjoints au dispositif de prŽsentation,

 afin de souligner, si besoin est, la dimension performative de MAL_DE_TERRE : cartes et journal de bord , Ç film du film È rŽalisŽ par I. Balducchi etc.

 

 

Au delˆ des diverses modalitŽs de prŽsentation, il est clair que cĠest lĠesprit mme de MAL_DE_TERRE qui doit tre transmis. Cet esprit correspond ˆ une rŽflexion artistique ˆ propos de lĠinsularitŽ et au choix de la boucle comme forme dĠexpression de celle-ci.

 

Nous devons prŽciser que nous avons travaillŽ depuis fort longtemps ce type de figure, aussi bien en performance (Ç OUKSSAVA È, Ç OPERATION È, Ç LE TEMPS IMMOBILE ÈÉ) que dans diffŽrents travaux sonores ou visuels o nous avons tentŽ dĠapprofondir la relation entre lĠimage Ç fixe È et lĠobjet vidŽo ou filmique, dans le contexte plus gŽnŽral dĠun projet concernant la temporalitŽ dans lĠart, dans la nature et dans lĠhistoire :  trois termes ˆ lĠintŽrieur desquels MAL_DE_TERRE trouve aussi sa place.

 

CĠest aussi bien dĠun territoire naturel et de son inventaire, que dĠun problme socio-politique, essentiel ˆ nos yeux pour lĠavenir de la Corse, quĠil est ici question. Ajoutons, sans que cela constitue sa rŽalitŽ premire, que MAL_DE_TERRE revt nous semble-t-il une dimension de Ç document È quant ˆ un certain Žtat des lieux, en Corse, au dŽbut du XXIĦ sicle.

 

Bien que cette Ïuvre  puisse tre prŽsentŽe en tout lieu, il est pour nous Žvident quĠelle trouve dans notre ”le toute sa rŽsonance.

 

 

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