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Bruno LEMOINE

 

Hétéronymie (Fernando Pessoa, Lisbonne)

(Photos : Joëlle Canciani, Lisbonne : février 2015)

 

 

Qui êtes-vous ?

Bruno LEMOINE :

Prénom & NOM d'emprunt. Peut servir à qui veut (Envoyer un mail à DOCKS pour le prêt du nom).

A publié trois livres, Matachine, L'après-journal Nijinski et "L'homme approximatif" (Livre + Film DVD avec l'écrivain François Dominique) aux éditions Al dante.

Publication d'une revue poésie & art THE BLACK LIST depuis 2013 (2 numéros à ce jour).

Station 11, pièce radiophonique sur le site Internet Arte Radio, mise en ligne le 30 mars 2011 : http://www.arteradio.com/son/615901/Station_11

Publication en revues : Action poétique, Nioques, Le Bout des bordes, journal Res Poetica…

Divers événements et performances réalisées, notamment avec l’artiste Eric Madeleine (alias L’homme-objet)

A nécessairement plusieurs identités. Spécialiste de l'escroquerie du coupe-circuit. Est partout et nulle part en même temps. Se moque de nous.


BIOGRAPHIE TRÈS EXACTE :

- Je ne suis pas né, non : mes parents m’ont laissé choir deux mois dans l’antichambre limbique, le temps qu’un ancêtre de notre tribu meurt. Il faut chez nous qu’un homme trépasse – généralement le plus âgé – pour que le plus jeune ait un nom. Le monde est un jeu de briques pour nous, sans doute un Lego ou une bible : je lis, tu lis, nous lisons derrière l’épaule d’un mort le sens d’un monde qui se déroule dans notre dos.

- « Il faisait chaud lorsqu’on t’a donné un nom, m’a dit ma mère, une canicule dévorait les récoltes depuis bientôt trois mois. C’est pourquoi les hommes sont partis se battre contre la tribu adverse et qu’un sorcier a choisi pour toi l’un des noms de nos hommes tombés sur les champs d’honneur. »

- Mon nom est celui d’un oiseau, le souffle que fait le vent en s’engouffrant et le gouffre en s’éventrant. 

- Mon nom n’est pas d’ici, on l’entend en lisant mon visage, mais le son en a été déformé par son inscription sur du papier. 

- Je n’ai plus de nom, ma parole s’est diluée sur les dossiers OFPRA, Sécu ou RG, le rapport d’entretien qu’un juge d’instruction reprend pour sa secrétaire : parole détournée, obviée par un monde plus grand que nous. 

- Je possède le nom des soldats que j’ai tués et leur sang coule dans mes veines.

- Mon homme me donne son nom en m’épousant, son nom disparaît sous terre ou réapparaît dans des livres.

- J’ai tous les noms et j’attends que les hommes m’idolâtrent, afin qu’ils donnent la becquée à "mon" cadavre après "ma" mort. 

- Je n’ai qu’un nom, je me reconnais en lui et "ma" mort m’appartient, car je crois en moi. 

- Je n’ai pas de nom, je suis innommable, affreux, terrible. J’ai le génome du crime inscrit sur les banques de données Eurodat ou la lèpre ou la gale, et j’ai mutilé mes empreintes pour passer les frontières. Je n’ai pas de nom, je ne veux plus de l’hospitalité des hommes, je ne veux plus de leurs langues ; je les connais toutes, elles ne mènent nulle part. Je veux que mon cadavre pourrisse sur les places de vos villes, au vu et au su de tous – j’ai trouvé le moyen de vous empêcher de vous débarrasser de lui : mon cadavre sera relique, reliquat, reste réduit en cendres sous l’action du temps, sur un catafalque de fortune. J’aurais alors le nom nomade et mes vies passeront au milieu des vôtres. – J’ai maintenant le nom nomade et mes vies passent au milieu des vôtres.

- Je ne suis pas né, non. Mes parents m’ont laissé choir deux mois dans l’antichambre limbique, le temps qu’un ancêtre meurt. Il faut chez nous qu’un homme trépasse – généralement le plus âgé – pour que le plus jeune ait un nom. Le monde est un jeu de briques pour nous, sans doute  un Lego ou une bible : je lis, tu lis, nous lisons derrière l’épaule du voisin le sens d’un monde qui se déroule dans notre dos.

 


 

"Comedia"

DOC(K)S-2016

SUR UN MALENTENDU PERSISTANT

(à propos d'un livre de Laurent Cauwet)